Les jardins Wilhelma à Stuttgart


Les jardins de la Wilhelma figurent parmi les jardins d’excellence d’Allemagne. Ils sont la conjonction d’un ensemble historique datant du XIXe siècle, d’un jardin botanique remarquable et d’un jardin zoologique, le seul d’Allemagne, comportant plus d’un millier d’espèces.


Ce jardin, d’une surface de 28 ha, a été jusqu’en 1919 un jardin privé. Il est aujourd’hui géré par le Land de Bade-Wurtemberg et reçoit annuellement plus de deux millions de visiteurs. Ce jardin a été réorganisé dans les années 1930 par le jardinier Albert Schöchle. Après 1945, on y plante des légumes pour les hôpitaux de Berlin et en 1949, le parc présente sa première exposition d’azalées. Les premiers animaux apparaîtront en 1951. Depuis, le parc s’est donné plusieurs missions : entretenir un important espace vert pour la ville de Stuttgart, offrir un espace de détente à ses visiteurs venus du monde entier, assurer le maintien de la biodiversité, permettre des recherches scientifiques sur plantes et animaux, enfin, conserver du patrimoine.

Le jardin s’est construit autour d’une première idée apparue en 1829, celle de construire dans un domaine royal possédant des vignes et des arbres fruitiers une orangerie et des bains dans le style mauresque après la découverte d’une source minérale. Karl Ludwig von Zanth propose des plans au roi Guillaume 1er de Wurtemberg en 1837. Le souverain hésite en raison du coût des travaux prévus. On construisit d’abord un pavillon ayant vue sur le Neckar. Le roi fait ensuite réaliser un jardin d’hiver sous serres.
Puis il eut l’idée de faire édifier par son architecte Karl Ludwig von Zanth en 1846 une villa dans le style arabo-andalou ou mauresque à l’occasion du mariage du prince héritier Charles avec la fille du tsar Olga Nikolajewna. Ce lieu servit ensuite de résidence d’été au roi. Il y eut aussi un jardin clos autour d’un bassin circulaire qui devait rappeler les jardins des
1 001 nuits. Un couloir couvert est créé en 1853. Le roi entreprit ensuite de faire construire une salle de fête, toujours dans le style mauresque, aujourd’hui remplacée par le bassin des crocodiles. Demeure, de cette époque, un belvédère d’où l’on peut voir tout le jardin mauresque et au-delà sur Bad Cannstatt, la vallée du Neckar, la chapelle funéraire de la famille royale située sur la montagne rouge et le paysage souabe. Cette vue intègre le parc à l’ensemble du paysage. On parle aujourd’hui de ces constructions comme étant « l’Alhambra sur Neckar ». Car le roi avait, en faisant réaliser de tels bâtiments et jardins dans le style oriental, au moment où les synagogues de Berlin et de Vienne sont créées dans le même style, le projet de mettre en avant plusieurs valeurs, celles de l’élégance, du luxe, mais aussi de la séduction. Il s’y ajoute aussi un désir nouveau, celui de valoriser, contre les pensées protestantes, l’érotisme.
La salle des fêtes de style mauresque, lieu de réception et de mise en scène du roi. Le roi Guillaume 1er, le tsar Alexandre II et l’empereur français, Napoléon III y vinrent pour une réunion de réconciliation en 1853.
Ce bâtiment a été fortement détruit en 1944 et ses ruines ont été rasées en 1961 pour permettre la construction d’un aquarium. Seule une partie de la façade a été conservée.
Le roi réalisa ensuite une volière qu’il appela la salle de Damas. Cette salle sert, aujourd’hui, durant tout l’été pour les mariages huppés de la ville de Stuttgart. Après les destructions de la seconde guerre mondiale, cet ensemble a été modifié en 1971 et finalement restauré.

La salle de Damas. Elle a été construite par le professeur Wilhelm Bäumer en 1864 après la mort de l’architecte royal Karl Ludwig von Zanth. Elle servit de volière pour les faisans et les poules. Cette salle a été restaurée en 1992. On y trouve aujourd’hui une exposition sur l’évolution du parc.
On entre aujourd’hui dans le jardin par les anciennes écuries et les remises des calèches devenues insectarium et les serres des plantes grasses, de plantes tropicales, enfin les fougères tropicales et les fougères arborescentes. La traversée de cet espace qui comporte plus de 1 000 plantes tropicales ou subtropicales de 350 espèces est très impressionnante. Plus on avance, plus on entre dans des espaces obscurs avec une salle pour les oiseaux de nuits.

La vision d’un très grand nombre de cactées, beaucoup en fleurs, est un premier choc. En particulier, les grands cierges (Pachycereus pringlei). On voit aussi des figuiers de barbarie et des agaves. On observe également la joujoube (Simmondsia chinensis) qui produit l’huile de même nom. Des spécimens de l’ananas Hechtia sont aussi présents. Toutes ces plantes ont la particularité de pouvoir stocker de l’eau, ce qui permet l’adaptation aux zones désertiques. Elles sont classées selon leurs régions d’origine. Sur le chemin de gauche, on voit des cactées originaires d’Amérique, sur celui de droite celles qui viennent de Madagascar et d’Afrique.

On entre ensuite dans une serre possédant 1 200 espèces d’orchidées. Sont aussi présentées des fleurs de la Passion (Passiflora), des aristoloches (Aristolochia) ou des cactus (Rhipsalis). Des fourmis (Myrmecodia et Hydnophytum) vivant en symbiose avec ces plantes sont présentes dans cette salle.

Une autre salle présente les fougères tropicales, en particulier les graciles Sélaginelles (Selaginella), les lycopodes (Lycopodium), des aspléniums (Asplenium), des adiantums (Adiantum) ou des fougères cornes de cerf (Platycerium). Outre les fougères poussent également dans cette salle des cycadées (Cycas, Zamia et Lepidozamia).
Ce jardin permet d’aborder les premières salles présentant des animaux.

On entre alors dans le jardin mauresque, pour beaucoup, l’endroit le plus féerique du jardin. De grandes fêtes y furent données en 1851 et des bals s’y déroulèrent au XIXe siècle. Le jardin est enfermé par un couloir ouvert donnant sur des pavillons et des petites constructions d’angle datant de 1844 et restaurés entre 1987 et 2006. Un étang de 650 m2 possède depuis 1956 35 espèces de nénuphars dont des nénuphars tropicaux (Victoria amazonica et Victoria cruziana). Des enfants pourraient sans risque marcher sur ces feuilles. Sur le bord du bassin, on peut voir également des fleurs de lotus indien (Nelumbo nucifera) qui ont la propriété de ne pas pouvoir être mouillées. Ont été plantés dans ce jardin zinnias, hibiscus et giroflées, des plantes liées à l’idée de jardin mauresque. Des ifs de couleur vert foncé et de nombreuses pivoines sont aussi présents. On voit aussi des figuiers (Ficus lyrata), fruit de l’arbre à pain (Artocarpus altilis), et des bananiers, mais aussi l’arum titan (Amorphophallus Titanium), la plus grande fleur du monde qui fleurit tous les dix ans environ. Elle a fleuri en octobre 2005 à la Wilhelma.

On trouve au-dessus du jardin mauresque, en réalité plutôt italien, des terrasses avec des sculptures d’animaux dues à l’artiste Albert Güldenstein de Stuttgart. Ces terrasses forment un lien entre le noyau historique du jardin et les nouvelles constructions du jardin zoologique situé à flanc de colline en direction du Rosenstein, là où furent trouvées des sources minérales utilisées pour les bains du château. Ce lieu, exposé au sud, est protégé du vent et des gels.
On a donc pu y planter des bigaradiers ou des magnolias, donc des plantes qui, à cette latitude, ne peuvent vivre à l’air libre. À la belle saison, on y met des plantes en pots pour y faire contraste avec le lierre et la vigne vierge. On y a également fait pousser des cyprès. Des vitrines de plantes carnivores sont présentées durant l’été.
Les animaux présents dans le zoo sont surtout des ongulés africains (Koudous, okapi, diverses antilopes, girafes, mais aussi des suricates). Un espace est réservé aux pachydermes, éléphants ou hippopotames (dont un hippopotame nain), mais aussi des rhinocéros ou des tapirs.
On note que de 1971 à 2007, un total de 15 bébés rhinocéros est né dans le zoo. On peut voir dans d’autres enclos des ours et des animaux de rochers, des bouquetins ou divers types de caprins, également des loups, des bisons ou des onagres. Un espace est consacré aux animaux d’Amérique latine et même aux animaux de la ferme.
Une particularité de ce zoo est de posséder un aquarium de renommée mondiale qui a été inauguré en 1967. Il présente plus de 600 espèces de poissons et d’invertébrés dont des crustacés comme les graciles hippocampes, des poissons de coraux multicolores, des truites locales ou des petits requins. Parmi les invertébrés, on note des éponges, méduses, pieuvres ou des coquillages, mais aussi des coraux et des oursins. Il y a des crocodiles dans le terrarium ainsi que des grenouilles venimeuses.
On peut aussi visiter un insectarium et une salle consacrée aux animaux nocturnes dont le cycle nycthéméral est inversé de 12 heures, ce qui permet, durant la journée, de voir les animaux dans leurs activités nocturnes.
Une partie du jardin permet de voir des oiseaux presque en liberté. Les visiteurs entrent par une double porte dans une vingtaine de volières où ils peuvent approcher les oiseaux. On trouve aussi une île dans un bassin avec des flamants roses qui vivent sous de très anciens platanes. Le jardin de cette partie basse du parc comporte des ensembles de fleurs, d’une mer de fleurs, myosotis, pensées, tulipes ou narcisses. Ce sont 180 000 bulbes qui y sont plantés chaque automne. Le choix des couleurs est étudié pour chaque massif. On trouve, à proximité, 70 magnolias, le plus grand ensemble de ces arbres au nord des Alpes dont les fleurs vont du blanc pur au rose tendre, voire au violet. On trouve également des ginkgos biloba. Un ensemble de séquoias plantés en 1865 est aussi présent.

Le jardin comporte en tout plus de 5 000 espèces botaniques. La pépinière du parc en cultive 40, mais elle produit 120 000 plants chaque année.

L’entrée commence tous les jours de l’année à partir de 8h15
Entrée : Neckartalstrabe
Il y a deux restaurants et un café Belvédère. Le magazine Wilhelma, publié trois fois par an, est disponible dans le jardin. On peut aussi disposer des inventaires de la faune présentée (poissons, reptiles et amphibiens, mammifères, oiseaux et invertébrés). Ils sont remis à jour annuellement.