Benchaabane.com
Benchaabane.com : Parfums, jardins, art de vivre et bien-être

Accueil
Envoyer à un ami
Version imprimable
Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager


Mondialisation végétale

XXIe siècle. Agronomie


C'est une histoire rocambolesque qui a conduit à la ruine de l'hévéaculture brésilienne. En 1876, Henry Alexander Wickham réussit l'un des plus grands rapts botaniques de tous les temps, en rapportant 70 000 graines d'hévéa brésilien au jardin botanique londonien de Kew Gardens.


Henry Alexander Wickham - Ph scienceandsociety.co.uk
Henry Alexander Wickham - Ph scienceandsociety.co.uk
Le directeur du jardin lui avait promis de lui payer 10 livres chaque précieuse semence rapportée intacte en Grande-Bretagne. Les Anglais rêvaient d'implanter l'hévéa dans leurs colonies asiatiques, en Malaisie et à Ceylan (Sri Lanka) notamment. Mais les botanistes étaient persuadés que «l'arbre qui saigne» ne pouvait supporter le transport. Wickham prouve le contraire, avec un coup de chance.
Précieuse collection. Il a récolté les graines d'hévéa à l'aide d'Indiens recrutés dans la jungle, puis les a emballées dans des feuilles de bananier séchées, elles-mêmes stockées dans des paniers en rotin. Il a berné les douanes brésiliennes de Belém qui ont inspecté le SS Amazonas, le cargo qui a accepté d'embarquer sa précieuse collection jusqu'à Liverpool. Un train de nuit spécialement affrété par le directeur du Kew Gardens a pris livraison de la cargaison, arrivée à Londres à 3 heures du matin. Les graines ont été immédiatement replantées dans les serres tropicales vidées de leurs collections en toute hâte par les ouvriers du jardin. Au mois d'août suivant, les premiers hévéas ont pris la route de Ceylan...

Le coup de Wickham, surnommé par les barons du caoutchouc brésilien «le bourreau de l'Amazonas», provoquera la faillite de toute la filière. Aujourd'hui, plus de 90 % du caoutchouc naturel est produit en Asie. Ce vol de graines, rocambolesque, n'est pourtant pas unique. «La mondialisation végétale a très largement précédé la mondialisation économique», note Andrée Corvol dans les Arbres voyageurs (lire ci-contre). L'historienne et chercheuse au CNRS raconte comment les arbres ou les plantes ont depuis toujours été des butins très prisés des explorateurs. L'ananas, découvert par Christophe Colomb en Guadeloupe en 1493, s'est vite retrouvé cultivé par les Espagnols à la pointe de l'Afrique avant de passer à Madagascar (en 1 548), de gagner l'Insulinde puis la Chine méridionale par le biais des échanges maritimes. L'orange a été transportée des jardins du Moyen-Orient à ceux de la péninsule ibérique. Puis au Brésil, dans les cales des bateaux portugais. Au point que la présence de ces arbres sur la côte méridionale du pays témoignait du «bon droit de Lisbonne sur ces portions de rivage».

Epices. Dans cette mondialisation végétale, les Jésuites et autres ecclésiastiques ont joué un rôle immense. Tout comme les médecins et, bien sûr, les botanistes. Certains aventuriers ont même été mandatés pour ramener coûte que coûte des espèces recherchées, en particulier des épices. Au XVIIIe siècle Pierre Poivre, fils de marchand mercier lyonnais, s'est vu ainsi confier par Louis XV la mission de «conquérir muscadiers et girofliers.» Mission remplie au terme de plus de dix années de galère. Mais, parfois, le hasard d'une poignée de graines fourrées dans une poche et replantées sous d'autres latitudes, comme l'a démontré Wickham, a changé la face du monde.

Précieuse collection. Il a récolté les graines d'hévéa à l'aide d'Indiens recrutés dans la jungle, puis les a emballées dans des feuilles de bananier séchées, elles-mêmes stockées dans des paniers en rotin. Il a berné les douanes brésiliennes de Belém qui ont inspecté le SS Amazonas, le cargo qui a accepté d'embarquer sa précieuse collection jusqu'à Liverpool. Un train de nuit spécialement affrété par le directeur du Kew Gardens a pris livraison de la cargaison, arrivée à Londres à 3 heures du matin. Les graines ont été immédiatement replantées dans les serres tropicales vidées de leurs collections en toute hâte par les ouvriers du jardin. Au mois d'août suivant, les premiers hévéas ont pris la route de Ceylan...

Le coup de Wickham, surnommé par les barons du caoutchouc brésilien «le bourreau de l'Amazonas», provoquera la faillite de toute la filière. Aujourd'hui, plus de 90 % du caoutchouc naturel est produit en Asie. Ce vol de graines, rocambolesque, n'est pourtant pas unique. «La mondialisation végétale a très largement précédé la mondialisation économique», note Andrée Corvol dans les Arbres voyageurs (lire ci-contre). L'historienne et chercheuse au CNRS raconte comment les arbres ou les plantes ont depuis toujours été des butins très prisés des explorateurs. L'ananas, découvert par Christophe Colomb en Guadeloupe en 1493, s'est vite retrouvé cultivé par les Espagnols à la pointe de l'Afrique avant de passer à Madagascar (en 1 548), de gagner l'Insulinde puis la Chine méridionale par le biais des échanges maritimes. L'orange a été transportée des jardins du Moyen-Orient à ceux de la péninsule ibérique. Puis au Brésil, dans les cales des bateaux portugais. Au point que la présence de ces arbres sur la côte méridionale du pays témoignait du «bon droit de Lisbonne sur ces portions de rivage».

Epices. Dans cette mondialisation végétale, les Jésuites et autres ecclésiastiques ont joué un rôle immense. Tout comme les médecins et, bien sûr, les botanistes. Certains aventuriers ont même été mandatés pour ramener coûte que coûte des espèces recherchées, en particulier des épices. Au XVIIIe siècle Pierre Poivre, fils de marchand mercier lyonnais, s'est vu ainsi confier par Louis XV la mission de «conquérir muscadiers et girofliers.» Mission remplie au terme de plus de dix années de galère. Mais, parfois, le hasard d'une poignée de graines fourrées dans une poche et replantées sous d'autres latitudes, comme l'a démontré Wickham, a changé la face du monde.
liberation.fr

Actualité | La Fondation / Actualité | Vidéo | Soir de Marrakech | SHOWROOMS | Parfums | Parfumeur | Parfums sur mesure | CARNET DE VOYAGES OLFACTIFS