Ce palais fut, en fait, construit sur deux étapes. Un premier ensemble a été érigé en 1866 – 1867 par Si Moussa, Vizir du Sultan Mohammed Ben Abd Er Rahmane (1822 - 1859), l’autre, de plus grande ampleur, par le grand vizir, Ahmed ben Moussa dit Ba Ahmad (1841 – 1900), celui-ci a assuré la régence des souverains Hassan I (1873 – 1894) et Abdelaziz (1894 – 1908). Il fut le véritable maître du Maroc entre 1894 et 1900, période pendant laquelle il gouverna au nom de Moulay Abdelaziz, à peine âgé de 14 ans lorsqu’il fut proclamé Sultan.
La partie ancienne de ce palais, et qui correspond à la demeure de Si Moussa, épouse un tracé simple et cohérent. Elle comprend la cour du nord pavée de marbre, dans laquelle sont aménagés deux bassins en étoile, un remarquable jardin de forme rectangulaire, oc-cupé d’une petite vasque au centre, ainsi que deux belles salles qui encadrent le riyad. Cet ensemble a subi des réaménagements lors de la construction du reste du palais par Ba Ahmad.
La partie récente est un immense palais dont la construction a duré sept ans sans interruption. L’ensemble est construit de plain pied, presque entièrement en rez-de-chaussée, avec un unique menzeh au premier étage, ajouté par le Bacha El Glaoui après le décès de Ba Ahmad.
Cette partie est très compartimentée, elle est constituée de diverses unités conçues selon le modèle des demeures traditionnelles. Fermées de l’extérieur, elles s’ouvrent sur une ou plusieurs cours intérieures agrémentées de jardins et de fontaines et entourées de galeries. Les dif-férentes pièces sont abondamment décorées de motifs peints, sculptés dans le bois, et le stuc ou bien réalisés en zellij.
Ba Ahmad recevait les gens du gouvernement dans la grande salle du conseil au plafond peint et ajouré. Elle ouvre sur le petit riyad, somptueux jardin intérieur, synonyme de havre de silence et de fraîcheur. C’est là que furent aménagés, durant la période du protectorat, les bureaux du maréchal Lyautey.
Les appartements de Ba Ahmad occupaient les quatre chambres qui donnent sur la petite cour à ciel ouvert entièrement carrelée de marbre et de zellij. Ces chambres ont été transformées du temps de Lyautey en chambres des officiels.
L’appartement privé est constitué d’un espace couvert d’un plafond richement décoré, éclairé par des panneaux de plâtre sculpté et finement ajouré. Il est bordé de deux salles et de deux niches.
La partie la plus intéressante de ces constru-ctions est certainement celle qui com-prend une immense cour de 50 sur 30 mètres, pavée de marbre et de zellij et ceinte d’une galerie à colonnes en bois peint découpé, de style italien. Jean Gallotti a écrit dans ‘Le Jardin et la Maison arabes au Maroc’ qu’on lui a rapporté ‘que ce serait de cette cour que le palais aurait tiré son nom. Il n’y avait à cet endroit qu’un terrain découvert avec des jeux, des manèges et des balançoires, où la famille de Ba Ahmad prenait ses ébats…’
La particularité de cet espace est accentuée par la présence d’une importante salle de réception qui ouvre sur la cour de marbre. Dite salle d’honneur, elle est la plus grande pièce du palais (20m x 8m), elle est surmontée d’un plafond peint d’une grande beauté.
Au-delà de cette cour on accède à l’Agdal de Ba Ahmad, immense verger où poussent les oliviers, les palmiers dattiers, les citronniers, les orangers… il est pourvu d’un grand bassin.
L’unité de chacune de ces parties du palais, prise séparément, contraste lourdement avec l’incohérence de l’ensemble.
En effet, le palais qui s’étend sur à peu près huit hectares, ne répond à aucun schéma logique. Il s’agit d’une extension, en longueur, de plusieurs unités, qui se sont greffées progressivement l’une sur l’autre et qui sont complètement désaxées les unes par rapport aux autres. C’est une suite de cours, de jardins, de salons et de couloirs où le visiteur, fasciné par la splendeur des lieux et le raffinement de la décoration, pourrait facilement se perdre.
Cet ensemble architectural ne semble pas avoir été réalisé selon un plan pré-établi, fait étonnant, lorsque l’on sait que la Bahia est l’œuvre de l’architecte marocain El Haj Mohammed ben Mekki el Misfioui. Celui-ci, selon ce qui est avancé par Gaston Deverdun dans son ouvrage ‘Marrakech, des origines à 1912’ avait appris à réaliser des plans auprès du Capitaine Erckman, ancien chef de la Mission militaire française et aurait laissé derrière lui une importante collection de relevés d’architecture.
A quoi est donc due cette apparente incohér-ence ? Est ce le fruit d’un caprice sans art et d’une fantaisie non réfléchie, comme disait Deverdun ? Est-ce un agencement de patios et de jardins réalisés au fur et à mesure que la famille de Ba Ahmad s’agrandissait ou au gré des acquisitions de terrains, au point où toute la voirie du quartier en est bouleversée ? Ou est ce plutôt un labyrinthe crée pour répondre à un souci de sécurité et afin de s’assurer des issues de secours, ce qui expliquerait probablement le grand nombre de portes de sorties du palais ? Les menaces pesaient de partout sur Ba Ahmad, fait qui pourrait plaider en faveur de cette dernière thèse.
Actuellement, les guides se plaisent à raconter que la Bahia ‘la Resplendissante’ est le nom de l’une des concubines de Ba Ahmad. Il aurait, donc, selon eux construit cette succession d’appartements pour loger sa bahia, sa famille ainsi que ses nombreuses autres concubines. Ce serait alors un conte digne des milles et une nuit.
Un conte auquel le visiteur est tenté de croire quand il se retrouve dans cette atmosphère d’immensité et de sérénité qui règne sur les lieux. Il suffit de franchir la porte du premier riyad, pour que le monde extérieur soit oublié ! L’effervescence de la rue cède la place à la quiétude, le rêve supplante la réalité. Perdu dans la contemplation des motifs géométriques et des décors floraux, du bois, du stuc et du zellij, dans leur infinie variété, et emporté par les odeurs du temps et des plantes qui ornent ses nombreux jardins, le visiteur se laisse entraîner par l’illogisme de ce palais jusqu’à lui faire oublier d’où il est entré et d’où il devrait sortir.
Ainsi et paradoxalement c’est de son désé-quilibre, supposé la dénuer de tout charme, que la Bahia tire son unicité et sa splendeur.
La partie ancienne de ce palais, et qui correspond à la demeure de Si Moussa, épouse un tracé simple et cohérent. Elle comprend la cour du nord pavée de marbre, dans laquelle sont aménagés deux bassins en étoile, un remarquable jardin de forme rectangulaire, oc-cupé d’une petite vasque au centre, ainsi que deux belles salles qui encadrent le riyad. Cet ensemble a subi des réaménagements lors de la construction du reste du palais par Ba Ahmad.
La partie récente est un immense palais dont la construction a duré sept ans sans interruption. L’ensemble est construit de plain pied, presque entièrement en rez-de-chaussée, avec un unique menzeh au premier étage, ajouté par le Bacha El Glaoui après le décès de Ba Ahmad.
Cette partie est très compartimentée, elle est constituée de diverses unités conçues selon le modèle des demeures traditionnelles. Fermées de l’extérieur, elles s’ouvrent sur une ou plusieurs cours intérieures agrémentées de jardins et de fontaines et entourées de galeries. Les dif-férentes pièces sont abondamment décorées de motifs peints, sculptés dans le bois, et le stuc ou bien réalisés en zellij.
Ba Ahmad recevait les gens du gouvernement dans la grande salle du conseil au plafond peint et ajouré. Elle ouvre sur le petit riyad, somptueux jardin intérieur, synonyme de havre de silence et de fraîcheur. C’est là que furent aménagés, durant la période du protectorat, les bureaux du maréchal Lyautey.
Les appartements de Ba Ahmad occupaient les quatre chambres qui donnent sur la petite cour à ciel ouvert entièrement carrelée de marbre et de zellij. Ces chambres ont été transformées du temps de Lyautey en chambres des officiels.
L’appartement privé est constitué d’un espace couvert d’un plafond richement décoré, éclairé par des panneaux de plâtre sculpté et finement ajouré. Il est bordé de deux salles et de deux niches.
La partie la plus intéressante de ces constru-ctions est certainement celle qui com-prend une immense cour de 50 sur 30 mètres, pavée de marbre et de zellij et ceinte d’une galerie à colonnes en bois peint découpé, de style italien. Jean Gallotti a écrit dans ‘Le Jardin et la Maison arabes au Maroc’ qu’on lui a rapporté ‘que ce serait de cette cour que le palais aurait tiré son nom. Il n’y avait à cet endroit qu’un terrain découvert avec des jeux, des manèges et des balançoires, où la famille de Ba Ahmad prenait ses ébats…’
La particularité de cet espace est accentuée par la présence d’une importante salle de réception qui ouvre sur la cour de marbre. Dite salle d’honneur, elle est la plus grande pièce du palais (20m x 8m), elle est surmontée d’un plafond peint d’une grande beauté.
Au-delà de cette cour on accède à l’Agdal de Ba Ahmad, immense verger où poussent les oliviers, les palmiers dattiers, les citronniers, les orangers… il est pourvu d’un grand bassin.
L’unité de chacune de ces parties du palais, prise séparément, contraste lourdement avec l’incohérence de l’ensemble.
En effet, le palais qui s’étend sur à peu près huit hectares, ne répond à aucun schéma logique. Il s’agit d’une extension, en longueur, de plusieurs unités, qui se sont greffées progressivement l’une sur l’autre et qui sont complètement désaxées les unes par rapport aux autres. C’est une suite de cours, de jardins, de salons et de couloirs où le visiteur, fasciné par la splendeur des lieux et le raffinement de la décoration, pourrait facilement se perdre.
Cet ensemble architectural ne semble pas avoir été réalisé selon un plan pré-établi, fait étonnant, lorsque l’on sait que la Bahia est l’œuvre de l’architecte marocain El Haj Mohammed ben Mekki el Misfioui. Celui-ci, selon ce qui est avancé par Gaston Deverdun dans son ouvrage ‘Marrakech, des origines à 1912’ avait appris à réaliser des plans auprès du Capitaine Erckman, ancien chef de la Mission militaire française et aurait laissé derrière lui une importante collection de relevés d’architecture.
A quoi est donc due cette apparente incohér-ence ? Est ce le fruit d’un caprice sans art et d’une fantaisie non réfléchie, comme disait Deverdun ? Est-ce un agencement de patios et de jardins réalisés au fur et à mesure que la famille de Ba Ahmad s’agrandissait ou au gré des acquisitions de terrains, au point où toute la voirie du quartier en est bouleversée ? Ou est ce plutôt un labyrinthe crée pour répondre à un souci de sécurité et afin de s’assurer des issues de secours, ce qui expliquerait probablement le grand nombre de portes de sorties du palais ? Les menaces pesaient de partout sur Ba Ahmad, fait qui pourrait plaider en faveur de cette dernière thèse.
Actuellement, les guides se plaisent à raconter que la Bahia ‘la Resplendissante’ est le nom de l’une des concubines de Ba Ahmad. Il aurait, donc, selon eux construit cette succession d’appartements pour loger sa bahia, sa famille ainsi que ses nombreuses autres concubines. Ce serait alors un conte digne des milles et une nuit.
Un conte auquel le visiteur est tenté de croire quand il se retrouve dans cette atmosphère d’immensité et de sérénité qui règne sur les lieux. Il suffit de franchir la porte du premier riyad, pour que le monde extérieur soit oublié ! L’effervescence de la rue cède la place à la quiétude, le rêve supplante la réalité. Perdu dans la contemplation des motifs géométriques et des décors floraux, du bois, du stuc et du zellij, dans leur infinie variété, et emporté par les odeurs du temps et des plantes qui ornent ses nombreux jardins, le visiteur se laisse entraîner par l’illogisme de ce palais jusqu’à lui faire oublier d’où il est entré et d’où il devrait sortir.
Ainsi et paradoxalement c’est de son désé-quilibre, supposé la dénuer de tout charme, que la Bahia tire son unicité et sa splendeur.