Elle apparaît enveloppée de vert, élancée dans sa blancheur... Lovée sur les rives du fleuve Akay déversant des hauteurs, apportant fertilité à cette immense pépinière de cerisiers, de figuiers et d’oliviers toujours scintillants et chargée de fruits. Sefrou doit sa vie, son essence à ce fleuve. L’odeur de son eau se mélange à son clapotis, son goût à ses secrets. Elle insuffle la vie comme elle devrait être et comme elle devrait rester. Abreuvée… Luxuriante de beauté et de générosité.
ette cité verger se couche au pied nord du Moyen Atlas, non loin de la ville de Fès, située à 28 kilomètres. Elle dispose d’importants atouts naturels. Son emplac-ement entre plaine et montagne, l’abondance de l’eau, la diversité des plantes, la beauté des paysages (forêts, lacs, sources, cascades, grottes, cavernes) l’ont prédisposée à être une destination très convoitée.
Authentique et antique, elle s’étend au fin fond de l’histoire, remontant à des ères lointaines. Ses grottes et cavernes ainsi que les énormes temples découverts renvoient à l’ère de la pierre. Quant à ses remparts, ses citadelles, ses forteresses et ses kasbah, ils appartiennent à l’époque islamique.
Avant de construire Fès, Moulay Idriss, s’est installé dans cette cité pendant deux ans, dans un quartier encore appelé aujourd’hui ’’Habbouna’’ du nom original ’’Ahabbouna’’ (traduit littéralement ’’ils nous ont aimé’’). Le pronom ’’ils’’ se rapporte aux habitants du quartier qui ont bien accueilli le souverain dans la générosité et l’hospitalité. C’est dans ce sens que Sefrou est plus ancienne que Fès. D’ailleurs, ses habitants disaient : de la ville de Sefrou vers le village de Fès.
Cette présence historique, cet emplacement stratégique sur le chemin des caravanes partant de Fès vers Tafilalet lui ont permis d’être le berceau de plusieurs souches et catégories de la population, car outre les Amazighs, ses habitants originaux, Arabes et Juifs s’y sont installés dans un harmonieux mélange façonnant les traits qui les ont caractérisés. C’est peut être pourquoi tolérance, cohabitation et interaction sont les valeurs fondatrices de la personnalité de ces habitants.
C’est donc une cité des plus antiques. Les Almoravides, bien avant leur conquête de Fès, y ont accédé en 1069. Les colonisateurs l’ont considérée dès 1930, comme une étape incontournable pour asseoir leur pouvoir sur le Moyen Atlas. C’est ainsi qu’elle devint l’une des premières municipalités en 1917, alors que le nombre de ses habitants ne dépassait pas les 8000 personnes.
Vu son passé enraciné dans l’histoire, en raison de l’absence ou la rareté des documents, ou encore du caractère contradictoire de ceux dont on dispose, beaucoup de questions restent encore en suspens et sans réponse satisfaisante. La plus insistante est probablement celle qui concerne l’appellation de la ville. Pourquoi l’a-t-on appelé Sefrou?
Certains rapportent cette dénomination à la période de contact entre les Amazighs de la région, les Phéniciens et les Romains. Dans cette hypothèse, l’origine du nom ne serait pas arabe. D’autres se réfèrent à une tribu des kharijites installée à Sijilmassa et appelée ’’Safariyya’’. D’aucuns enfin prétendent que le nom de Sefrou vient de l’appellation de la tribu qui peuplait la région et qui s’appelait ’’Ahl Sefrou : les gens de Sefrou’.
Sefrou et les jardins de cerises.
Quand le grand voyageur français Charles de Foucault visita Sefrou en août 1883, il s’émerveilla de sa verdure et l’appela ’’le jardin du Maroc’’ car elle était entourée de potagers et ornée d’arbres de toutes sortes, en parti-culier les rosacées dont le pommier, le prunier, l’abrico-tier et plus tard le cerisier qui deviendra l’emblème de la cité.
Vu l’abondance de son eau, la fertilité de sa terre et la nature de son climat, le cerisier apparut sur les flancs de la vallée d’Akay. Avec le protectorat, les colons ont transplanté cet arbre dans une de leurs fermes
“Fentlon’’. Les plus importantes variétés de cerisiers sont le bigarreau, divisé lui-même en plusieurs types
(Man kirs, Porla, Stark, Hardy, Marmotte, Reignier, Reverchon, Napoléon) et le kiné regroupant également plusieurs catégories (l’amarelle, la griotte, virasada, de lamarche…)
Quand ces arbres mûrirent et regorgèrent de fruits, l’agriculteur sefrioui s’éprit de ces fruits et s’évertua à en cultiver toutes les variétés dans ses jardins et ses fermes.
C’est ainsi que s’opéra le changement que connut la région en devenant la capitale de ce fruit élégant, fastueux et chatoyant. C’est à coup sur « le fruit des
rois »* en raison de sa beauté, sa forme et ses couleurs: le jaune, le blanc, le rouge vif et incandescent. Toute la splendeur de ce fruit l’a rendu célèbre autant chez les colons que chez les citoyens à partir de 1910. Si au départ le but poursuivi était de faire connaître la cerise, la commercialiser et en faire la publicité, dès 1933, le comité d’organisation des festivités exposa une poupée incarnant la reine du cerisier. En 1935, sera élue la première « miss festival des cerises » parmi les plus belles de la ville. Et depuis les jeunes filles n’ont de cesse de rivaliser pour l’obtention du titre. Il est à noter que parmi les candidates, il y avait des musulmanes, des juives et des chrétiennes. L’un des rôles dévolu à l’heureuse élue est l’accueil convivial des invités et des délégations et la présentation d’offrandes sous forme de cerises.
Un événement majeur marqua ce rituel l’année où la colonisation exila le roi Mohammed V, il s’agit de l’abrogation de toute festivité, en signe de haute solidarité nationale. En 1957, la ville sera honorée, par la visite de Hassan II, alors prince hériter, renforçant d’emblée l’image de ce festival et de cette tradition.
* La traduction littérale du mot arabe habb al molouk “cerisier’’ est : les grains des rois
Vu l’abondance de son eau, la fertilité de sa terre et la nature de son climat, le cerisier apparut sur les flancs de la vallée d’Akay. Avec le protectorat, les colons ont transplanté cet arbre dans une de leurs fermes
“Fentlon’’. Les plus importantes variétés de cerisiers sont le bigarreau, divisé lui-même en plusieurs types
(Man kirs, Porla, Stark, Hardy, Marmotte, Reignier, Reverchon, Napoléon) et le kiné regroupant également plusieurs catégories (l’amarelle, la griotte, virasada, de lamarche…)
Quand ces arbres mûrirent et regorgèrent de fruits, l’agriculteur sefrioui s’éprit de ces fruits et s’évertua à en cultiver toutes les variétés dans ses jardins et ses fermes.
C’est ainsi que s’opéra le changement que connut la région en devenant la capitale de ce fruit élégant, fastueux et chatoyant. C’est à coup sur « le fruit des
rois »* en raison de sa beauté, sa forme et ses couleurs: le jaune, le blanc, le rouge vif et incandescent. Toute la splendeur de ce fruit l’a rendu célèbre autant chez les colons que chez les citoyens à partir de 1910. Si au départ le but poursuivi était de faire connaître la cerise, la commercialiser et en faire la publicité, dès 1933, le comité d’organisation des festivités exposa une poupée incarnant la reine du cerisier. En 1935, sera élue la première « miss festival des cerises » parmi les plus belles de la ville. Et depuis les jeunes filles n’ont de cesse de rivaliser pour l’obtention du titre. Il est à noter que parmi les candidates, il y avait des musulmanes, des juives et des chrétiennes. L’un des rôles dévolu à l’heureuse élue est l’accueil convivial des invités et des délégations et la présentation d’offrandes sous forme de cerises.
Un événement majeur marqua ce rituel l’année où la colonisation exila le roi Mohammed V, il s’agit de l’abrogation de toute festivité, en signe de haute solidarité nationale. En 1957, la ville sera honorée, par la visite de Hassan II, alors prince hériter, renforçant d’emblée l’image de ce festival et de cette tradition.
* La traduction littérale du mot arabe habb al molouk “cerisier’’ est : les grains des rois