Un observatoire citoyen pour recenser les papillons des jardins


Un, deux, trois... Allons au jardin, compter les papillons !" C'est une primesautière invite que lance, avec le printemps, le Muséum national d'histoire naturelle, en partenariat avec l'association Noé Conservation et la Fondation Nicolas-Hulot.


Il s'agit de créer, avec le concours du public, un Observatoire des papillons des jardins, couvrant tout le territoire français et s'inscrivant dans la durée.

Les entomologistes en herbe devront s'inscrire sur le site www.noeconservation.org, où se trouve un descriptif des 28 espèces de papillons diurnes les plus communes en France, de l'amaryllis aux ailes orangées ourlées de brun au vulcain noir et feu, en passant par l'azuré bleu-gris. Ils pourront télécharger une fiche où ils noteront le nombre d'individus de chaque espèce visibles dans leur jardin. Chaque mois, ils inscriront, sur un formulaire en ligne, le nombre maximum d'individus relevé pour chaque espèce. Le Muséum fera la synthèse des données.

Alors qu'au Royaume-Uni des opérations similaires mobilisent des milliers de bénévoles, ce projet de "science participative" constitue une première en France. "Vu le faible nombre de biologistes professionnels qui étudient les milieux naturels, les réseaux d'amateurs sont indispensables pour alimenter en informations les observatoires de la biodiversité, en étroite collaboration avec les scientifiques", commente Robert Barbault, directeur du département d'écologie et de gestion de la biodiversité du Muséum.

Les papillons qui, avec 160 000 espèces connues, représentent plus de 10 % de la biodiversité animale, constituent d'excellents indicateurs de la qualité des milieux naturels et de la santé des écosystèmes. Or ils sont menacés par l'urbanisation, la destruction de leurs habitats naturels, l'agriculture intensive et les pesticides. Ils sont aussi très sensibles au réchauffement climatique.

En France, la population des spécimens de prairie a chuté de 50 % en quinze ans. Une récente étude britannique fait apparaître un déclin de 71 % des espèces présentes en Grande-Bretagne, et de 50 à 75 % de celles vivant en Allemagne, en Italie et aux Pays-Bas. La campagne du Muséum vise aussi à responsabiliser les 13 millions de jardiniers amateurs que compte l'Hexagone, qui, ensemble, entretiennent un million d'hectares, soit quatre fois la superficie des réserves naturelles.