Vient de paraître jardins du maroc N°13



Edito N°13
Nous constatons dans le monde entier que, lorsqu’on part en vacances, on peut aller visiter des jardins et pas seulement pour y aller voir les plantes et leur mise en scène dans l’espace mais que ces lieux abritent aussi des animations culturelles telles que : des concerts, des expositions, des défilés de mode... Ces animations attirent aussi bien la population locale que les touristes. Il arrive souvent que ce soit le cachet de ces jardins, la qualité de leurs paysages, leur histoire et programmation qui soient à l’origine de l’attraction du public. On pourrait donc s’aventurer à avancer qu’il y a aussi un tourisme des jardins. Dans certains pays les gens font la queue pour visiter des jardins comme ils le font devant les monuments historiques ou comme ils le feront pour des concerts de musique. Il y a incontestablement une économie qui allie culture, nature et jardin. C’est le domaine de l’écotourisme.

Le Maroc est un pays qui a choisi le tourisme comme l’un des vecteurs majeurs de son développement. Nous avons donc choisi pour cette raison, dans le cadre de Jardin’art 2009, d’organiser sur le thème «Jardin et écotourisme» une table ronde. Elle a permi de s’interroger sur la nécessité de la mise en place d’une véritable stratégie du tourisme des jardins au Maroc.

Il est possible dans l’avenir que les pays qui ne respectent pas leur environnement soient désertés par les touristes. Aussi convient-il de recycler les eaux usées tout comme il faudra faire des efforts pour ramasser les déchets, contrôler l’usage de l’eau et encourager le développement des espaces verts. On observe en effet une réduction des arrivées de touristes dans certains pays. Le touriste est tout à fait en mesure de sanctionner l’hôte qui ne respecterait pas ses engagements en matière de normes d’accueil. Le tourisme est, à mon avis, une sorte de contrat tacite entre le touriste et l’hôte et chaque partie a l’obligation de respecter ses engagements. Le respect par l’hôte de son environnement deviendra fatalement un gage de qualité et participera à l’image du pays d’accueil. C’est arrivé déjà pour des pays qui ne respectent pas les droits de l’homme et qui sont devenus pour les touristes des pays infréquentables. Cela arrivera aussi si l’on ne se préoccupe pas de la protection et de la mise en valeur de notre environnement et de nos jardins.
Le Maroc a la chance d’avoir des richesses naturelles diversifiées. Il dispose aussi d’un ensemble important de jardins à travers le royaume. Ce patrimoine n’est malheureusement pas toujours entretenu dans les normes. L’absence d’entretien de ces jardins, de logistique d’accueil du public ainsi que l’inexistence de dispositif de communication et de stratégie d’animation de ces sites créent une espèce de manque de visibilité de ce patrimoine qui n’attire pas l’engouement du public. Tout un patrimoine écologique constitué de jardins et de sites historiques paysagés n’attendent que leur restauration et leur mise en valeur pour devenir de véritables destinations éco touristiques.

Les différents échanges qui ont eu lieu à l’occasion de cette table ronde entre les spécialistes participants ont constitué un des moments forts de Jardin’art 2009.
A « Jardins du Maroc, jardins du monde» nous sommes convaincus du rôle et de la place des jardins dans la culture. Les jardins sont le reflet des civilisations qui les ont vu naître. Ils peuvent devenir un moyen efficace du rayonnement de ces cultures. Les jardins sont incontournables dans une stratégie de médiation culturelle d’un pays car ils ont la capacité de fédérer des publics d’âges, d’origines géographiques et culturelles différents.

Pour le Maroc, l’avenir du tourisme est dans l’écotourisme. Les jardins du Maroc sont une niche qui peut contribuer avec efficacité à l’amélioration de l’offre touristique du pays. Reste à inventorier ces jardins, les entretenir avec exigence, les doter de structures d’accueil, former leurs jardiniers et animateurs, encourager les professionnels du tourisme à les inclure dans les circuits à travers le pays. Il est aussi souhaitable que les pouvoirs publics et les élus créent de nouveaux jardins et encouragent et soutiennent le secteur privé dans la création de nouveaux jardins ouverts au public.